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Mon histoire ressemble à un épisode de l’émission Dr House! C’est ce que le personnel médical m’a dit, car ils ont dû chercher pas mal pour trouver ce que j’avais.
Incapable de se porter sur sa cheville gauche et souffrant d’atroces douleurs, Zachary Bournival a été admis à l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke afin d’y subir une intervention chirurgicale pour nettoyer les traces d’une infection soupçonnée d’être d’origine bactérienne. Toutefois, la douleur et la fièvre ne le quittaient pas. « À l’IRM, on voyait des signes encore plus marqués d’infection, alors qu’il a un traitement standard d’antibiotiques qui devait fonctionner en théorie », raconte Dalila Touati, résidente en microbiologie et infectiologie. Une deuxième opération n’apporte pas l’amélioration escomptée et Zachary commence à avoir une douleur thoracique, tousse et crache du sang. Un examen, un angioscanner pulmonaire, révèle une pneumonie.
« On se dit c’est bizarre, pourquoi il ferait une pneumonie? Il a seulement une infection à la cheville. Pourquoi tout d’un coup, il aurait une pneumonie de manière concomitante. Il fallait changer l’orientation de notre diagnostic! », explique Dalila Touati.
L’équipe composée de résidents et d’étudiants, supervisés par Dr Philippe Martin, chef du service en microbiologie au CIUSSS de l’Estrie - CHUS, suspecte maintenant la présence d’un champignon. « On fait des catégories de diagnostics pour voir dans quoi ça fitterait et on était bien contents d’avoir le diagnostic, c’était vraiment comme dans un épisode de Dr House! » souligne-t-elle avec le sourire satisfait d’avoir ajouté un cas rare à son apprentissage, car l’infection à une cheville est une présentation atypique de la blastomycose. « Pour Zachary, ce n’est peut-être pas le fun, mais pour nous, c’est vraiment un beau cas et on en retient beaucoup de choses! »
« La blastomycose est causée par un champignon qu’on retrouve dans les sols, surtout les sols humides, où l’on retrouve de la végétation qui est décomposée. C’est un champignon que l’on peut respirer et il peut, entre autres, infecter les poumons », explique Dr Martin qui ajoute que ce champignon, le Blastomyces dermatitidis, est très présent dans la région et que les cas d’infection sont plus fréquemment diagnostiqués en Estrie qu’ailleurs au Québec.
« Toute la grande équipe du CIUSSS, les médecins et le personnel des laboratoires, a une expertise maintenant qui est probablement unique au monde », estime Dr Martin.
Les microbiologistes-infectiologues, pneumologues, radiologistes, dermatologues et pathologistes ont développé leurs réflexes, ici à Sherbrooke, pour suspecter et diagnostiquer la blastomycose qui peut se confondre avec, tantôt un cancer du poumon, tantôt un problème de peau ou musculo-squelettique. « Il y a différentes présentations cliniques qui peuvent passer d’une infection asymptomatique à une pneumonie qui mène aux soins intensifs. On a eu des personnes d’ailleurs qui malheureusement sont décédées de la blastomycose donc, c’est une infection qui peut être très sévère si l’on n’intervient pas à temps », explique le microbiologiste-infectiologue.
Comment prévenir?
« C’est assez difficile parce qu’on ne sait pas exactement où se trouve ce champignon-là. On sait que c’est dans les endroits boisés et les sols », explique Dr Philippe Martin, microbiologiste-infectiologue. Une séance de jardinage ou une promenade en forêt peut être la source d’une telle infection, ajoute le spécialiste qui indique qu’on ne doit pas s’empêcher de vaquer à ces activités, mais de consulter si une toux s’installe ou si une blessure sur la peau ne guérit pas.
« Actuellement, je vous dirais que l’on n’a pas vraiment de mesures de prévention, c’est plus une question de diagnostic précoce », conclut-il.
Une prise en charge rassurante
Zachary a séjourné deux semaines à l’hôpital. « C’est vraiment bizarre à dire, mais j’ai apprécié mon expérience! Je me sentais soutenu tout le long de la progression du diagnostic », raconte le jeune homme qui se considère chanceux d’être tombé entre les mains de spécialistes et toute une équipe soignante à l’affût des moindres signes. « C’était inquiétant, mais je me sentais rassuré. Je voyais des résidents, des docteurs, des infirmiers, des préposés…» Zachary s’est soumis volontiers à de nombreuses questions pour aider le personnel à y voir plus clair.
« Ils ont fait leur part, je vais faire la mienne, déclare-t-il avant de quitter l’hôpital. Je vais être assidu dans mon traitement. » La blastomycose demande un traitement antifongique pouvant aller jusqu’à un an et parfois plus.
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